Sécuriser les séances d’équithérapie en extérieur : bonnes pratiques pour le cavalier et l’animal

Pratiquer l’équithérapie en plein air, c’est offrir un environnement stimulant, naturel et propice au lien entre l’humain et le cheval. Mais qui dit nature dit aussi imprévus : terrains irréguliers, conditions météo changeantes, stimuli externes… Tous ces éléments exigent une préparation spécifique. Pour garantir à la fois les bienfaits thérapeutiques et la sécurité de chacun, les séances doivent être encadrées par des protocoles clairs, une vigilance constante et un équipement rigoureusement sélectionné.

Cet article présente l’ensemble des bonnes pratiques à adopter pour sécuriser l’équithérapie en extérieur, tout en maintenant une approche bienveillante et adaptée aux besoins de chaque patient.

Anticiper pour mieux sécuriser : l’évaluation des risques

Avant même que le cheval ne soit sellé ou que le patient monte en selle, une question essentielle se pose : le cadre de la séance est-il sécurisé ? Car en extérieur, chaque séance est différente.

Observer, analyser, adapter : le terrain sous toutes ses coutures

Une séance en forêt, en prairie ou en bord de chemin rural ne présente pas les mêmes risques. Il est donc indispensable de réaliser une inspection complète avant chaque séance. Il faut repérer :

  • les pentes qui pourraient déséquilibrer le cheval ou le patient ;
  • les obstacles naturels comme les branches, les racines ou les trous ;
  • la qualité du sol : un sol meuble ou glissant peut compromettre la stabilité du cheval.

Une simple branche dissimulée sous l’herbe haute peut suffire à provoquer un écart du cheval ou une chute du cavalier. Une vérification systématique permet d’éviter ces situations.

Lire le ciel : prendre en compte les conditions météorologiques

La météo influe directement sur la qualité et la sécurité d’une séance. Une pluie fine peut transformer un terrain praticable en un sol glissant. Le vent fort, quant à lui, peut effrayer les chevaux et gêner la communication entre le patient et le thérapeute.

Un protocole météo clair doit être mis en place, avec des seuils définis au-delà desquels la séance est annulée ou déplacée. Prévoir un manège couvert ou un lieu de repli est une règle de base pour assurer une continuité sans compromettre la sécurité.

Prévoir l’imprévisible : la gestion des stimuli extérieurs

Un papillon, un vélo, un aboiement… De petits événements peuvent entraîner de grandes réactions chez le cheval. Les séances en extérieur exposent les équidés à une multitude de stimuli inhabituels. Pour y faire face, une désensibilisation progressive doit être intégrée au travail quotidien du cheval.

Le thérapeute doit aussi savoir lire les signaux d’alerte d’un cheval : oreilles en arrière, tension musculaire, regard fuyant... Reconnaître ces signes permet de désamorcer une réaction avant qu’elle ne survienne.

Évaluer le binôme cheval-patient : un rituel essentiel

Chaque séance débute par un double diagnostic. Le cheval est-il reposé, calme, réceptif ? Le patient est-il dans de bonnes dispositions physiques et mentales ? Ce rituel, souvent sous-estimé, permet pourtant de prévenir la majorité des accidents. Si l’un des deux partenaires n’est pas en condition, la séance peut être adaptée, raccourcie, ou même reportée.

Le bon matériel pour les bons réflexes : sécuriser par l’équipement

Un bon équipement ne se voit pas toujours, mais il fait toute la différence lorsqu’un imprévu survient. Il doit à la fois protéger, rassurer et s’adapter aux besoins spécifiques de l’équithérapie.

S’équiper et se structurer avec l’appui de professionnels spécialisés

La sécurisation d’une séance d’équithérapie en extérieur ne repose pas uniquement sur le cavalier et le cheval : l’environnement dans lequel se déroule la séance joue un rôle déterminant. Or, stabiliser un sol boueux, rendre une carrière plus sûre, limiter les risques de glissades ou de blessures… sont autant de défis concrets que rencontrent les professionnels.

C’est dans ce contexte que des spécialistes comme Tékidé interviennent. Cette marque française conçoit et fabrique des équipements pensés pour améliorer la sécurité et le bien-être des chevaux, que ce soit en milieu de travail, de loisir ou de compétition. Leur objectif : mettre le “dada d’abord”, avec des solutions pratiques, durables et testées sur le terrain.

Protéger sans contraindre : casques et protections adaptées

Le casque reste la première ligne de défense contre les chutes. Il doit être homologué, parfaitement ajusté, et porté sans exception par tous les patients, quel que soit leur âge ou niveau. Pour les patients plus fragiles, des protections corporelles complémentaires (gilets, genouillères, coudières) peuvent être intégrées, à condition qu’elles n’entravent pas le travail thérapeutique.

Maintenir sans blesser : les selles thérapeutiques pour l’extérieur

Le choix de la selle influe directement sur la posture, l’équilibre et la sérénité du patient. En équithérapie extérieure, une selle thérapeutique adaptée avec poignées de maintien, sanglage renforcé et amorti efficace est un incontournable. Elle doit offrir un compromis entre stabilité et liberté de mouvement, tout en respectant la morphologie du cheval.

Rester connecté : communications d’urgence

L’éloignement géographique des séances en extérieur impose une capacité à alerter rapidement. Le thérapeute doit disposer :

  • d’un téléphone portable avec couverture réseau suffisante ;
  • d’une radio dans les zones mal couvertes ;
  • et idéalement, d’un système de géolocalisation en cas d’intervention des secours.

Ces dispositifs doivent être testés régulièrement pour garantir leur bon fonctionnement.

Anticiper les accidents : trousse de secours mixte

Une trousse de premiers soins bien conçue est un élément-clé. Elle doit être accessible, complète, et adaptée aux deux espèces concernées. On y retrouve notamment :

  • pour les humains : pansements, antiseptique, ciseaux, couverture de survie ;
  • pour les chevaux : compresses froides, bandages élastiques, produit désinfectant adapté.

L’équipe doit être formée à l’usage de chaque composant de la trousse et disposer de fiches de procédures simplifiées.

Monter autrement : adapter les techniques en extérieur

Adapter les techniques de monte à l’environnement extérieur ne signifie pas simplement changer de lieu : cela suppose une approche spécifique, à la fois plus souple et plus exigeante. Les équithérapeutes doivent composer avec les éléments naturels, les réactions du cheval et les besoins très individuels du patient. Pour structurer cette pratique, plusieurs approches techniques ont été développées. Le tableau ci-dessous présente les principales méthodes utilisées en équithérapie extérieure, ainsi que leurs objectifs thérapeutiques et les bénéfices concrets qu’elles apportent sur le terrain.

Technique / ApprocheObjectif thérapeutiqueBénéfices concrets en extérieur
Méthode CentaureFavoriser l’harmonisation du corps et de la respiration du patient avec le chevalAmélioration de la régulation émotionnelle, réduction du stress face aux stimuli extérieurs
Exercices de désensibilisationPréparer le duo cheval-patient à faire face à des éléments perturbateurs (bruits, objets)Réduction des réactions de peur, meilleure tolérance aux imprévus et environnement instable
Transitions contrôlées entre les alluresApprendre à passer d’une allure à l’autre en douceur selon le terrain et l’état du patientRenforcement de l’équilibre, anticipation du mouvement, sécurité renforcée sur terrain irrégulier
Adaptation posturale du patientAider le patient à adapter sa posture en fonction des mouvements du cheval et du terrainDéveloppement de la proprioception, de l'autonomie et de la confiance en soi
Travail sur le regard et l’orientationDévelopper la capacité à guider le cheval par l’intention et le regardMeilleure concentration, coordination et fluidité du mouvement dans un espace ouvert
Marche en main en terrain variéCréer une relation active avec le cheval sans monter, sur différents types de solsApproche progressive, familiarisation à l’extérieur, renforcement du lien cheval-patient

En choisissant et en combinant ces techniques de manière adaptée au profil du patient et aux conditions extérieures, l’équithérapeute favorise une séance à la fois fluide, sécurisante et profondément bénéfique. Chaque outil pédagogique ou postural devient alors un levier thérapeutique, contribuant au développement des capacités physiques, cognitives et émotionnelles du patient. C’est cette finesse d’ajustement, spécifique aux pratiques en extérieur, qui fait toute la richesse et la complexité de l’équithérapie en pleine nature.

Se former pour encadrer : la montée en compétence des thérapeutes

La pratique en extérieur ne s’improvise pas. Elle exige une formation spécifique, axée sur la gestion de l’imprévu, les techniques de monte sécurisée et les premiers secours.

Certification FENTAC : une spécialisation essentielle

La Fédération Nationale de Thérapies Avec le Cheval propose une certification dédiée aux pratiques en pleine nature. Elle aborde les risques environnementaux, la communication tripartite (thérapeute-patient-cheval) et la gestion d’urgence hors structure.

Stages terrain en centres labellisés FFE

Ces stages pratiques permettent de se confronter à des cas concrets, encadrés par des professionnels aguerris. Ils constituent une étape cruciale pour tester ses connaissances dans des conditions réelles et progresser rapidement.

Secourisme équin en pleine nature

Un cheval peut se blesser, chuter, avoir une colique... L’éloignement complique les soins rapides. D’où l’intérêt de maîtriser les gestes de premiers secours équins, adaptés aux ressources limitées sur site (bandage improvisé, évaluation d’une boiterie, techniques de refroidissement).

En cas d’urgence : préparer et coordonner les protocoles

Lorsqu’un incident survient, la rapidité et la clarté des réactions conditionnent la gravité de la situation. Tout thérapeute doit donc connaître parfaitement les procédures d’urgence prévues pour le site.

Plan d’évacuation et itinéraires d’accès

Chaque site extérieur doit être cartographié avec :

  • les itinéraires praticables pour les secours ;
  • des zones de repli sécurisées ;
  • des coordonnées GPS pour une localisation rapide.

Ces informations doivent être connues de toute l’équipe.

Coordination avec les secours

Nouer un lien avec les pompiers, les SMUR et les vétérinaires locaux est un réflexe professionnel. Organiser un exercice de simulation annuel peut révéler des points faibles à corriger.

Techniques de contention douce du cheval

Quand un cheval panique, il peut représenter un danger. Apprendre à l’apaiser grâce à la respiration, au positionnement du corps, et à des licols spécifiques est indispensable. Ces gestes doivent être automatiques et répétés lors des entraînements.

Connaître le cadre légal et s'assurer correctement

Enfin, une pratique sereine passe aussi par une bonne maîtrise des obligations juridiques et assurantielles.

Une loi clé : celle du 6 janvier 1999

Cette loi sur les animaux errants et dangereux rappelle la responsabilité pleine du détenteur. En équithérapie extérieure, cette notion impose des mesures de sécurité renforcées, documentées et traçables.

Assurance RC Pro spécialisée

Toutes les séances doivent être couvertes par une assurance responsabilité civile professionnelle adaptée aux activités thérapeutiques et à l’environnement extérieur. Certains contrats incluent la spécificité de la médiation animale : il faut vérifier ce point.

Consentement éclairé et décharge de responsabilité

Les documents remis aux familles doivent détailler les risques spécifiques à la pratique extérieure (terrain, météo, stimuli imprévus). Un modèle relu par un juriste spécialisé est recommandé pour se prémunir de toute contestation.

Organiser une séance d’équithérapie en extérieur, ce n’est pas simplement changer de décor : c’est s’engager dans une démarche exigeante de sécurité, de préparation et de vigilance continue. Chaque professionnel doit être outillé techniquement, formé aux enjeux spécifiques et en capacité de réagir rapidement. En suivant ces bonnes pratiques, il est possible de transformer les défis de l’environnement en atouts thérapeutiques durables.

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